Page:L’Étourdi, 1784.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
96
L’ÉTOURDI.


lonté de Dieu, la piété, & les ſentimens qu’il avait montré à ſa derniere heure, devaient porter quelque adouciſſement à la douleur de ſa perte.

Je lui fis enſuite le détail de ſes funerailles qui avaient été faites ſuivant ſon rang & ſa naiſſance, celui des prieres que j’avais fait dire pour le repos de ſon ame, & je n’oubliai pas d’y joindre quelques aumônes dont le malade m’avait chargé avant d’aller dans le ſein d’Abraham. Le compte que j’envoyai montai à douze cent livres. J’ajoutai que j’avais emprunté cette ſomme au Tréſorier du régiment, & que j’avais engagé ma parole d’honneur, de la rembourſer dans 15 jours. Ce temps était à-peu-près celui de l’échéance de mes billets.

Mon pere eût à peine reçu ma lettre qu’il m’envoya la ſomme que je demandais. Dès que je l’eus reçu, j’avouai à mon frere le tour abominable que je venais de jouer à mon pere, lui laiſſai le foin de le détromper, d’éſſuyer ſes larmes, & de convertir les habits lugubres que la famille avait déjà en-

doſſé