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DE KANG-HI.

conter en secret à deux ou trois de ses amies, c’est-à-dire à tout Paris.


Note de l’éditeur. Cette aventure nous rappelle un trait de Gustave Adolphe, qui mériteroit d’être plus connu. La manie des duels régnoit avec fureur dans son armée, et tous les ans lui enlevoit des officiers de mérite. Il rendit à ce sujet des ordonnances très séveres, et finit par les défendre sous peine de mort. Tout fut inutile. On vint lui dire un jour que deux officiers distingués, à la suite d’une querelle fort vive, s’étoient donné rendez-vous. Il s’y trouve avant eux accompagné de plusieurs personnes. Les combattants étonnés de cette apparition vouloient se retirer. Je ne viens pas vous déranger, leur dit le roi ; battez-vous à outrance, puisque telle est votre intention : je vous préviens seulement que la mienne est de faire trancher la tête à celui qui survivra, et voilà pourquoi j’ai amené le bourreau. Les deux officiers se regardèrent, s’expliquèrent, s’embrassèrent, et il ne fut plus question de duels dans l’armée suédoise, de toute cette guerre.

Si l’espérance de ne pas succomber dans le combat ne se joignoit au désir de la vengeance, il n’y auroit jamais de duels.