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LES VOYAGES

presse d’y répondre : vous demandez à me voir, j’en ai aussi le désir ; mais avant de le satisfaire, il m’a paru nécessaire que vous fussiez prévenu de l’état de mon cœur. Il s’y est fait depuis quelque temps une révolution qui me surprend et me confond. Je conserve assurément pour vous l’estime que vos qualités aimables inspirent, et ce tendre intérêt dont une union intime laisse dans les âmes délicates d’ineffaçables traces ; mais le charme est rompu, et cet amour que de si bonne foi je croyois immortel, s’est évanoui comme un songe. Seule, désolée de votre absence dont je me reprochois la cause, livrée dans ma retraite à de sombres pensées, j’ai réfléchi sur ma situation, sur la vôtre, sur le chagrin violent ou plutôt le désespoir qui seroit la suite inévitable