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DE KANG-HI

attaque de ces hommes, qui, sans colere, sans esprit de vengeance, courent avec une ardeur qui tient du délire exposer leur vie, et ne s’embarrassent ni du nombre ni de la position de leurs adversaires. C’est en vain que nos troupes les mieux disciplinées feroient, pour les arrêter, ces belles évolutions qui représentent l’ombre de la lune se projetant comme un bouclier du haut des montagnes, ou celle de la fleur de Mio-hoa[1]. Ces combinaisons savantes seroient déjouées par la fougue des Européens.

Qui peut résister à de tels furieux ? Et n’est-il pas fort à craindre que, s’ils s’établissent une fois dans le Boutan et le Thibet, ils ne soumettent de proche en proche les hordes voisines,

  1. Les figures de ces évolutions sont gravées dans l’art militaire des Chinois, Paris, 1770, in-4 ; elles le sont aussi, t. 7. des Mém. sur les Chinois.