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DE KANG-HI

que nous nommons ni-kou, Ici je fus interrompu par Scrutant, qui ne vouloit pas perdre une si belle occasion de faire briller son savoir. M. Kang-hi a raison, s’écria-t-il, mandarin vient de mandar, ordonner : les Chinois disent koung. Leur langue est bien loin d’être dure. La brièveté des mots n’empêche pas la douceur des sons, comme nous en avons un exemple dans le fameux vers monosyllabique de Racine. Ce qui rend un langage harmonieux, c’est la fréquence des voyelles, sur-tout à la fin des mots, ainsi qu’on peut le remarquer dans l’italien : l’espagnol le seroit également sans ses gutturales. Observez aussi que les Chinois ne connoissent pas cinq de nos plus dures consonnes, B, D, R, X, Z ; mais ils modifient le son de leur voix par des gradations si bien ménagées, que l’on peut y