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LES VOYAGES

trop l’auteur à travers le personnage, et l’on croit entendre un ministre disgracié, parlant d’un ton chagrin de la cour, éternel objet de ses regrets. Les lettres peuvent lui reprocher d’avoir servi de modèle à une secte d’écrivains médiocres qui se persuadent qu’une tristesse langoureuse peut remplacer l’intérêt et le talent, et dont les rêveries endorment tout de bon. Pour elle, plutôt exaltée que passionnée, ses traits, comme ceux de l’électricité, frappent et brillent, mais n’échauffent pas. Ses admirateurs disent qu’elle écrit d’inspiration ; cela est vrai quelquefois, mais l’inspiration n’est pas le génie, élan sublime du sentiment de la vérité ; au lieu que l’inspiration tient de l’enthousiasme prophétique, et comme les oracles, a toujours quelque chose de vague et d’obscur. Ce défaut est