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moins on les pourra discerner, et moins encore on distinguera la différence de leurs lumières d’avec leurs ombres. Vous peindrez d’un rouge de feu de visages, les personnes, l’air, les armes, et tout ce qui se trouvera aux environs, et cette rougeur diminuera à mesure qu’elle s’éloigne de son principe, et enfin elle se perdra tout-à-fait. Les figures qui seront dans le lointain, entre vous et la lumière, paroîtront obscures sur un champ clair, et leurs jambes seront moins distinctes et moins visibles, parce que près de terre la poussière est plus épaisse et plus grossière. Si vous représentez hors de la mêlée quelques cavaliers courant, faites élever entre eux et derrière eux de petits nuages de poussière, à la distance de chaque mouvement de cheval, et que ces nuages s’affoiblissent et disparoissent à mesure qu’ils seront plus loin du cheval qui les a fait élever, et même que les plus éloignés soient plus hauts, plus étendus et plus clairs, et les plus proches plus grossiers, plus sensibles, plus épais et plus ramassés. Que l’air paroisse rempli de traînées de feu semblables à des éclairs ; que de ces espèces d’éclairs que la poudre forme en s’enflammant, les uns tirent en haut, que les autres retombent en bas ; que quelques-