Page:Léon Palustre - L’Architecture de la Renaissance.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
LIVRE PREMIER.

cultés d’un emplacement irrégulier, sut tout combiner avec tant d’art, qu’il arriva à produire également une œuvre remarquable par l’harmonie des masses et la richesse bien raisonnée des détails.

On ne parle pas souvent de San-Micheli comme architecte religieux. Cependant, outre une part prise à certains travaux de la cathédrale d’Orviéto, il a construit, à Montefiascone et à Vérone, des églises en forme de rotonde qui tendent à rappeler des monuments antiques. L’une d’elles est même pourtournée extérieurement d’une colonnade, à l’exemple des temples de Vesta.

San-Micheli laissa un neveu, non moins habile que lui dans l’art de défendre les places ; aussi les Véronais lui continuèrent-ils les appointements assignés à son oncle.

Nous arrivons à un architecte dont la célébrité, véritablement universelle, tient moins aux monuments élevés sous sa direction qu’à la publication d’un livre devenu classique, pour ainsi dire, dès le premier instant. Jacopo Barrozio (1507-1573) dit Vignola, du nom du bourg où il naquit, près Modène, aux yeux de bien des gens peu initiés aux choses d’art, est, en effet, presque uniquement l’auteur du Traité des cinq ordres, qui, promptement traduit en toutes les langues, eut une influence considérable sur la direction du goût. Avec plus de rigueur que Vitruve, le nouveau législateur de l’architecture y détermine, suivant les ordres, les proportions et le galbe des colonnes, le nombre et le caractère des moulures, la plus ou moins grande richesse des ornements. Si un esprit original se trouve ainsi