Page:Léon Palustre - L’Architecture de la Renaissance.djvu/337

Cette page a été validée par deux contributeurs.
337
LIVRE III.

Folle et de son époux, Philippe le Beau, à Grenade.

Très probablement le tombeau de frère Alonso de Burgos, à Valladolid, œuvre célèbre de Berruguete, qui a disparu au commencement du siècle, rentrait dans la catégorie des grandes décorations appliquées contre la muraille. En ce genre, on peut admirer encore, à Bellpuig, en Catalogne, le tombeau de Ramon de Cardona, dont la partie la plus belle et la plus intéressante, une frise peuplée de naïades et de tritons, rappelle la manière de Jean Goujon.

Nous n’avons rien dit jusqu’ici de l’immense palais élevé par Philippe II, en souvenir de la bataille de Saint-Quentin (1557), dans la solitude de l’Escurial. C’est l’édifice le plus monotone qui existe, et l’on se demande comment des architectes de talent, Jean de Tolède et Herrera, auxquels il faut joindre, paraît-il, le Français Louis de Foix, ont bien pu proscrire à ce point toute ornementation. Mais peut-être leur avait-on imposé de percer seulement dans chaque façade une série d’ouvertures sans caractère, assez semblables à des trous de ruches. Cette nudité devait plaire au souverain qui avait eu l’idée bizarre, pour honorer saint Laurent dont la fête avait coïncidé avec sa victoire, d’exiger un plan en forme de gril.

Le Portugal ne diffère pas beaucoup de l’Espagne. Ce que l’on appelle ici plateresque, là-bas reçoit le nom de manoelin, en souvenir du roi Emmanuel le Fortuné (1495-1521), qui, par son initiative, a puissamment contribué au développement des arts.

Du reste, l’occasion était favorable ; les Indes venaient d’être découvertes par Vasco de Gama, et le

ARCH. DE LA RENAISSANCE.
22