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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

renforcer ses angles par des tours, d’appliquer sur chacun des longs côtés des escaliers à deux rampes opposées, de couper les fenêtres par des croix de pierre, de dresser à chaque extrémité un haut pignon à rampants déchiquetés.

Les caractères que nous venons d’indiquer se retrouvent dans les constructions aussi bien publiques que privées. Jusqu’au dernier instant, les Allemands ont conservé l’habitude de faire saillir, soit aux angles, soit au milieu de la façade, une tourelle ou un avant corps. Ces accessoires, qui ne partent pas toujours de fond, mais reposent sur un encorbellement, sont percés de nombreuses fenêtres, chargées de bas-reliefs. Au lieu de continuer les lignes principales, ils les coupent parfois d’une manière assez gauche. En outre, quand à l’intérieur existe un escalier, toutes les ouvertures sont rampantes, ce qui n’aurait pas lieu si la spirale était suffisamment accusée au dehors.

Il n’y a pas d’édifice véritablement allemand sans grands pignons étagés, découpés en courbes et contre-courbes, en gradins, en pinacles. Les uns couronnent les façades, d’autres les murs latéraux. C’est encore à eux que l’on a recours pour remplacer les lucarnes. Mais simple amortissement ou pure addition introduite pour le coup d’œil, le pignon englobe le plus souvent trois ou quatre rangs d’ouvertures de haut en bas, dix ou douze de gauche à droite. La grande largeur d’une façade n’est pas un obstacle à l’emploi de la décoration favorite. Parfois même, ainsi qu’on le voit à la célèbre maison dite des Brasseurs, à Hildesheim, le pignon, au moyen d’une succession d’encor-