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LIVRE II.

On considère souvent les bossages comme une importation florentine. De fait, c’est surtout depuis l’arrivée en France de Catherine de Médicis que ce mode d’ornementation fut en grand honneur. Mais les exemples fournis par le moyen âge, dès le xiie siècle, rendent au moins incertaine la question d’origine. On ne voit pas pourquoi nos architectes seraient allés chercher des modèles au delà des monts. La célèbre grotte des Pins, à Fontainebleau, terminée en 1531, par conséquent bien avant le mariage de Henri II, passe aujourd’hui à bon droit pour une œuvre française. Il n’est plus personne qui, à son sujet, évoque encore le nom de Serlio.

Le génie français, tel que l’avait fait ou entretenu la pratique de l’architecture gothique, répugnait à se raidir dans des lignes symétriques et compassées, ainsi que le veut l’architecture antique, ainsi du moins qu’elle le voulait dans l’esprit de ceux qui l’étudiaient sans toujours la comprendre. Les grandes façades plates à fenêtres rigoureusement comptées, rigoureusement ouvertes les unes au-dessus des autres et avec les mêmes espacements, les angles nus, les longs bandeaux ininterrompus ne l’ont jamais séduit, et, autant qu’il l’a pu, il a été fidèle aux tourelles gracieuses, aux encorbellements hardis, aux tuyaux de cheminées luttant d’élévation avec les toits. Ces bons souvenirs s’allient à la lourdeur des dernières conceptions de la Renaissance et leur donnent un cachet pittoresque propre à faire oublier un instant que l’on marche vers la majesté ennuyeuse, ou, comme disait Viollet-le-Duc, vers « l’ennui majestueux » des constructions de Louis XIV.

ARCH. DE LA RENAISSANCE.
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