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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

le royaume de Naples se joignaient ceux qu’il tenait sur le Milanais du mariage (1389) de son aïeul Louis d’Orléans, frère de Charles VI, avec Valentine Visconti, fille du duc Jean-Galéas. François Ier, à son tour, ne devait pas négliger l’occasion de guerroyer au delà des Alpes, et c’est par la bataille de Marignan qu’il débuta sur la scène du monde.

Ainsi, durant près d’un siècle et demi, la France eut en quelque sorte les yeux continuellement tournés vers l’Italie, et au besoin on pourrait s’étonner que les changements apportés à l’architecture ne se soient pas, dans les deux pays, manifestés à distances plus rapprochées. Mais nos compatriotes, traités de barbares par un peuple qu’ils tenaient, de leur côté, en souverain mépris, se sentaient peu disposés à entrer dans la voie de l’imitation. Au lieu d’être générale, de s’étendre tout au moins à la plupart des chefs, l’action fut d’abord isolée et simplement limitée à quelques grands seigneurs laïques ou ecclésiastiques, voire même à quelques gentilshommes perdus dans la foule, qui, faiblement préoccupés de conquêtes, avaient l’esprit plus libre et l’admiration plus facile.

Du reste, pendant ce temps, un sourd travail de transformation s’opérait en France sous des influences diverses. Dès la fin du xive siècle, à Dijon, on en voit poindre l’aurore dans les œuvres d’un sculpteur flamand, Claux Sluter, considéré à bon droit, bien qu’à longue distance, comme le véritable ancêtre de Michel Colombe. Le duc de Berry († 1416), frère de Charles V, s’il continue à construire comme un Français de son siècle, — le château de Mehun-sur-Yèvre, le palais de