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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

cours du xvie conservent une originalité qui leur est propre, et on ne saurait les confondre avec ce que l’Italie nous offre dans le même temps. Non seulement les qualités qui distinguent la race française y dominent au grand avantage de l’agencement général, mais on y trouve encore comme un reflet de l’état momentané des esprits aussi bien que des institutions alors en honneur.

Les découvertes modernes, comme il était assez facile de le prévoir, n’ont point été favorables à ceux qui se plaisaient à reconnaître partout la main des Italiens. Là même où le doute était permis, la balance s’est trouvée pencher de notre côté. Pour répondre à ce que l’on attendait d’eux, il fallait que les architectes fussent imbus des traditions nationales, demeurassent en correspondance avec le sentiment de tous. Des étrangers naturellement eussent importé leur manière, au lieu d’adopter la nôtre. En vain quelques-uns d’entre eux, comme Serlio par exemple, s’évertuaient-ils à présenter des projets, on ne leur permettait jamais de passer à l’exécution. La place que Frà Giocondo, le Primatice et tant d’autres occupaient indûment dans l’histoire a été victorieusement rendue à des maîtres français. Sur ce point, il n’y a plus et il ne saurait plus y avoir de dissentiments aujourd’hui.

De Louis XI à Louis XIII, les prélats italiens furent nombreux en France, où les plus riches bénéfices devenaient facilement leur lot ; mais, chose extraordinaire, cette invasion d’un nouveau genre n’eut aucune influence sur le mouvement des arts. L’unique préoccupation de tous, évêques et abbés, semblait être de palper des revenus. Ceux par exception qui, momen-