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plètent le devoir d’aller à l’école ; n’est-ce pas surtout pour se retrouver et se cogner que l’on afflue chaque jour à cet endroit déterminé ?

Aujourd’hui encore Richard et Pluck ont à moitié assommé Tricot et Kliner. Des passants indignés sont entrés prévenir la concierge de l’école. La directrice a écarté les mains : « Nous ne pouvons pas les tenir en laisse. »

— Tu sais, ai-je dit à Richard, si tu bats encore Kliner je ne « change » plus avec toi, tu garderas tes dessins.

Et pour bien rester dans mon rôle, j’ai ajouté résolument :

— Je « changerai » avec un autre.

Car enfin, moi qui ne me bats pas, si je suis une vraie camarade, je ne dois pas avoir d’autre préoccupation que de troquer mes bonbons contre « quéque chose ».

Dans la rue, les plus pauvres se lorgnent de travers : ce sont toujours les déguenillés qui « écopent ». Les quelques enfants de commerçants, représentant censément la classe aisée, subissent moins d’avanies ; non pas qu’ils vaillent mieux sous le rapport du caractère, mais l’éducation est ainsi dirigée que les malheureux s’attaquent de préférence à la misère ; un qui a son tablier déchiré se moquera d’un qui a son pantalon troué ; un qui tousse enverra une poussade à un qui boite ; la faiblesse et la gueuserie attirent les coups.

« N’élevez pas vos regards trop haut ; luttez entre vous. — La violence envers les faibles est per-