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comme à tout le monde : j’ai acquis une tendance expresse au mensonge !

Il n’est pas vrai qu’on laisse les enfants dehors « pour le délégué cantonal ». C’est la visite de l’inspecteur primaire, de l’adjoint au maire, ou des dames patronnesses qui leur vaut cette mise à l’air.

Le délégué cantonal a même protesté contre cette incohérence « de soigner le ménage du préau, pour ne pas s’en servir ». Parbleu ! il a protesté pour ce motif que les femmes de service bénéficient seules du non-usage du préau.

Je mens encore.

Mme Paulin, devenue singulièrement sans-gêne avec l’autorité, s’est écriée d’un ton rude :

— On voit bien que monsieur le délégué n’est pas chargé de nettoyer la boue des parquets.

Et M. Libois s’est tu « comme un petit garçon ». Avez-vous remarqué ? m’a dit Mme Paulin.

Après tout, s’il me plaît de mentir, à moi…

J’ai remis le livre bleu à sa place sur le bureau de la normalienne.

Mes appréciations manquent peut-être de mesure. J’avais trouvé l’école trop parfaite, pour commencer, je réagis à l’excès ; c’est un défaut très féminin d’aller d’une exagération à l’autre.

Comment moraliser en gros autrement qu’avec des histoires du genre critiqué ci-dessus ? Or on ne peut pas faire du détail. Et, tout de même, ces histoires prêchent la douceur, la bonté ; elles ont