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de prôner aux enfants la soumission et l’admiration envers les parents indignes. Est-ce que Bonvalot coupe dans les leçons sur les parents ? Admettons, mais nous voilà loin des bienfaits suprêmes de l’école ! Nous en sommes à plaider son innocuité.

Certes, l’enfant ne tient pas grand compte des conseils. Toutefois, dans le cas de contradiction apparente, il s’empresse de choisir ; ayant entendu ces deux exhortations : « Imite tes parents — Sois sobre », si les parents se grisent, l’enfant aura soin de ne considérer que l’exhortation à suivre l’exemple familial.

C’est drôle comme le froid m’empêche de suivre droitement une seule idée. Je me tiens mal sur ma rocking-chair, ma pensée transie verse à droite et à gauche.

J’ai écrit dernièrement qu’il fallait subordonner la morale aux faits individuels ; eh bien, à ce propos — puisque je ne peux pas me coucher, — je veux exposer une opinion qui me tracasse depuis l’âge de raison : je suis absolument révoltée de la façon dont on attribue de la vertu aux gens — par rapport à d’autres gens !

Pourquoi dire que l’industriel gagnant 50.000 fr. par an est plus honnête que le camelot affamé qui a volé ? pourquoi dire que Mme Prudhomme, satisfaite en tous ses désirs, est plus vertueuse que Mlle Nana ? On n’en sait rien. Pour pouvoir comparer, il faudrait que le riche industriel, que l’heureuse Mme Prudhomme se fussent trouvés exacte-