Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

monde : il supposerait tranquillement que les parents, non seulement sont exempts de tout défaut, mais possèdent les plus hautes vertus et beaucoup d’argent avec. Cet enseignement ainsi basé serait d’un comique prodigieux dans mon quartier des Plâtriers.

J’ai vu tant de drames en reconduisant les enfants ! et ces drames dont j’aurais désiré enfouir le souvenir, les cris de la femme les arrachent et les étalent.

La directrice est logée au-dessus du préau. Un soir elle descend :

— Comment ! Gabrielle Fumet est encore là ? On l’a oubliée, reconduisez-la bien vite.

Elle va consulter les fiches dans son cabinet et me rapporte l’adresse : rue de Palikao, 29.

Au cinquième étage. La porte s’ouvre de cinquante centimètres. J’aperçois une femme sur une chaise, qui coud et deux enfants tout habillés sur un lit. Je n’entre pas et pour cause.

La femme s’excuse, par l’entre-bâillement, d’avoir laissé sa fille ; elle n’a pas d’horloge et elle espérait qu’il n’était pas si tard. Mon Dieu, quelle heure est-il donc ?

— Sept heures et demie.

Elle sursaute et fond en larmes.

— Ah Dieu ! voilà que mes doigts se ralentissent !

Et elle me raconte (toujours par l’entre-bâillement) :

— Je couds des épaulettes, six sous le cent. Jusqu’à présent j’abattais à toute vitesse mes cin-