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C’est incompréhensible : le lundi, l’école présente un aspect particulier ; les enfants ne chantent pas de leur voix ordinaire, leur visage porte des traces de fatigue malsaine.

— Ils ont des têtes « de lendemain de noce », dit Mme Paulin.

À dix heures moins un quart, la normalienne n’avait pas commencé les exercices de lecture. À onze heures, son récit de géographie se coupait à chaque phrase d’une distribution de mauvais points ; l’instant de montrer une presqu’île sur la carte murale, trois gamins poussés par leurs voisins tombaient le derrière par terre.

Adam était à tuer ; ses camarades aussi lâchaient l’excessif de leurs propensions. Richard se grattait des pieds à la tête et envoyait des coups de pattes à Gillon qui le pinçait. Il faut, du reste, que j’introduise ici les personnages marquants de la grande classe.

Une réunion de soixante enfants possède un certain lot de types : six ou sept individus complets, fortement caractérisés, ressortent et résument l’ensemble ; les autres sont des exemplaires inférieurs, des copies plus ou moins effacées. Eh bien, dans la classe de la normalienne, les types, je les dégage et les vois constamment émergeant, frappés de lumière ; c’est maladif, j’allais écrire « vicieux », plus exactement peut-être. Connaître à fond ces enfants personnalisés, garçons et filles, correspond à une exigence de ma nature, de ma féminité : le malsain est que cela se relie à des imaginations, à