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LA VIE DE JÉSUS

de Jésus), et cette révolte fut réprimée par Cuspius Fadus.

Mais un Messie plus important l’avait précédé, galiléen comme Jésus, s’étant fait oindre et devenu ainsi Christos ; celui-ci se nommait Judas, et la prise d’armes qu’il provoqua eut un grand retentissement et fut considérable : elle se produisit peu après la destitution du roi juif Archelaüs, soit six ans après la prétendue naissance de Jésus. Ce Judas le Galiléen professait de nouvelles opinions religieuses, au dire des historiens ; Flavius Josèphe l’appelle « un grand sophiste », et le donne pour fondateur d’une secte, qu’il place à côté de celles des pharisiens, des sadducéens et des esséniens ; cette sédition fut écrasée par Publius Sulpicius Quirinus, gouverneur de Syrie au nom d’Auguste, le même Quirinus qui présida au grand recensement du peuple juif. Or, la secte de Judas le Galiléen subsista comme école secrète, conserva ses chefs religieux ; sous la conduite de Menachem, fils du fondateur supplicié à Jérusalem, et de son parent Éléazar, les Judaïtes ou Zélateurs Exaltés furent d’une activité extraordinaire à partir de l’an 64, s’emparèrent du Temple, de la forteresse Antonia, de toute la ville haute et du château-fort d’Hérode, firent un grand carnage des Romains, obligèrent Cestius Gallus, général de l’empire, à battre en retraite, dispersèrent son armée, organisèrent l’insurrection dans toute la Palestine, massacrèrent leurs concitoyens du parti modéré et causèrent enfin l’envoi de Vespasien, avec soixante mille hommes ; on sait le reste, Jérusalem ruinée et le Temple incendié après un siège de sept mois, qui coûta la vie à la plus grande partie de la nation juive.

Les chefs des assiégés étaient trois, représentant trois partis distincts : Éléazar, le disciple de Judas le Galiléen, Jean de Giscala, et Simon de Gérasa ; Éléazar se tua pour ne pas tomber vivant entre les mains de l’ennemi ; Jean finit ses jours dans un cachot ; Simon fut réservé pour orner le triomphe de Titus vainqueur et fut, aussitôt après, supplicié publiquement à Rome. Tous les révoltés juifs qui ne trouvèrent pas la mort à la prise de Jérusalem, furent vendus comme esclaves, et, parmi ceux-ci, s’il en était qui se lamentaient trop de cette nouvelle condition, on leur infligeait le supplice des esclaves, l’ignominieux crucifiement ; pour humilier Simon davantage, on le crucifia la tête en bas.

Pendant le long siège de la ville de David, il y eut de très violentes discussions parmi les assiégés ; puis, la famine fut terrible et causa de nombreux cas d’aliénation mentale. On cite un homme du peuple, nommé Jésus, qui se promenait dans la cité et reprochait aux chefs leurs querelles, en s’écriant : « Malheur à vous ! malheur à nous tous ! malheur à Jérusalem ! malheur à moi-même ! » Un jour qu’il poussait ces cris sinistres, en se promenant sur les remparts, il fut tué par une des pierres que lançaient les catapultes des assiégeants ; les judaïtes le proclamèrent prophète et martyr.