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LA VIE DE JÉSUS

chargé de l’accouchement, d’un coup de hache sur l’occiput.

Le Messie chrétien est né de la susdite Marie, qui, tout en étant sa maman, est restée vierge ; et les curés, tout fiers de cette bonne histoire, disent : « Voilà qui prouve à quel point notre triple divinité est forte ! Comme miracle, hein ? est-ce assez épatant ? » Pas tant que ça ! répondrons-nous. Dans la mythologie Scandinave, le dieu Heimdall, celui dont la vue est si perçante qu’il distingue les objets à cent mille lieues de distance, et dont l’ouïe est si fine qu’il entend l’herbe pousser sur la terre et la laine croître sur le dos des moutons, le dieu Heimdall, dont le père est le dieu Odin, est né, non pas d’une maman-pucelle, mais de neuf mères vierges, les neuf filles du géant Geirrewdour. Quand les trois dieux (en un seul) du Christianisme seront capables d’un miracle de cette force, alors les curés auront le droit de parler.

Jusque-là, nous serons obligé de leur répéter que les diverses mythologies païennes, si fantastiques qu’elles soient, ont sur la mythologie chrétienne l’avantage de ne pas être, chacune en particulier, un tissu de contradictions. La religion Scandinave n’a pas eu, pour évangélistes, un Matthieu, un Marc, un Luc et un Jean, racontant l’histoire d’Heimdall, chacun d’une façon différente en d’importants détails.

Revenons à notre Pentecôte. Sitôt chatouillés par la langue de feu, les cent vingt apôtres et disciples se mirent à parler des langues étrangères qu’ils n’avaient jamais apprises. Or, dit le texte sacré, parmi les Juifs répandus à cette époque sur toute la surface du monde, beaucoup étaient venus à Jérusalem pour assister à la fête du Décalogue ; ils parlaient quinze idiomes différents, ni plus ni moins, il y avait des Parthes, des Mèdes, des Élamites, des gens de la Mésopotamie, de la Judée, de la Cappadoce, du Pont, de l’Asie proconsulaire, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte, de la Libye Cyrénaïque, enfin des Latins, des Crétois et des Arabes. Ils montèrent en foule au cénacle, attirés par le bruit qui venait de s’y produire à l’entrée du Paraclet ; et l’on oublie de nous dire que les murailles de cette salle à manger eucharistique s’élargirent de façon à pouvoir contenir les milliers de curieux. Alors, devant la multitude, les cent vingt premiers chrétiens parlèrent toutes les langues.

Malgré la confusion qui dut se produire et rappeler en quelque sorte celle de la tour de Babel, la sainte Écriture nous assure que les représentants de ces quinze nationalités distinguaient leur langage particulier au milieu de ce mêli-mêlo ; et, ce qui n’est pas moins surprenant, ils savaient, sans que personne leur ait rien dit, que les apôtres et disciples étaient tous galiléens. En effet, le texte sacré nous rapporte que ces visiteurs inattendus s’écriaient : « Ces gens qui parlent ainsi ne sont-ils pas tous de Galilée ? et comment donc les entendons-nous parler chacun dans notre langue ? » L’auteur officiel n’explique pas cette bizarre observation, qui est, d’ailleurs, inexplicable. En