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LA VIE DE JÉSUS

et ressortent sans échanger un mot. Puis, ils s’en retournent chez eux.

Seule, la Magdeleine demeure auprès du tombeau. Elle verse un torrent de larmes.

— Mon pauvre Jésus ! mon pauvre Jésus ! s’écrie-t-elle ; faut-il que ces scribes et ces pharisiens soient barbares !… Voilà maintenant qu’ils s’acharnent contre le cadavre de mon bien-aimé !… Car, j’en suis sûre, ce sont eux qui l’ont enlevé… Hélas ! hélas ! que peuvent-ils vouloir en faire ?…

Et, comme elle se baissait pour regarder encore, elle aperçut dans le tombeau deux anges habillés de blanc : ils étaient assis à l’endroit où avait été le cadavre, et se tenaient l’un à la tête, l’autre aux pieds. Notez que ni Jean ni Pierre, qui étaient entrés, n’avaient aperçu ces deux brillants personnages.

— Femme, dirent-ils, pourquoi pleurez-vous ?

— C’est qu’ils ont enlevé mon seigneur, répondit-elle, et je ne sais où ils l’ont mis !…

Tandis qu’elle disait cela, un homme, portant une pioche et coiffé d’un large chapeau de paille, arriva soudain auprès d’elle.

— Tiens, le jardinier ! fit la Magdeleine.

L’homme lui répéta la question des anges :

— Femme, pourquoi pleurez-vous ? qui cherchez-vous ?

— Monsieur le jardinier, fit la Magdeleine suppliante et joignant les mains, monsieur le jardinier, si c’est vous qui l’avez enlevé, dites-moi où vous l’avez mis, et je l’emporterai. (Textuel).

Le jardinier fit un pas vers elle, et, la regardant avec des yeux pleins de douceur, dit :

— Marie !

— Cette voix ! s’écria la maîtresse du Christ ; cette voix, mais je la reconnais à présent !… Cette barbe, mais c’est celle de mon Jésus chéri !…

Et elle se précipita pour l’embrasser en l’appelant :

— Ô mon seigneur ! ô mon maître !

L’Oint l’arrêta d’un geste :

— Regarde, mais ne touche pas ; je suis à peine ressuscité, il me manque mes entrailles, je suis encore fragile ; il faut que je me refasse un estomac. Seulement, va trouver au plus tôt mes disciples, et fais-leur part de ce que tu as vu.

La Magdeleine, obéissante comme un caniche, se rendit auprès des disciples et leur rapporta ce qui s’était passé.

L’évangéliste Matthieu, qui met en scène deux femmes dans cette aventure, raconte qu’elles lui embrassèrent les pieds et qu’il ne s’opposa pas à leurs attouchements.

Ce Matthieu ajoute à son récit une fin que les trois autres évangélistes ont ignorée.

Les soldats, quand ils furent remis de leur épouvante, prirent leur plus belle course hors de ce jardin où les morts ressuscitaient.