Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
LA VIE DE JÉSUS

— Ne pleurez point, leur dit le Verbe, l’enfant n’est point morte ; elle dort.

Les pleureuses accueillirent ces paroles par des railleries.

— Avec ça que la jeune fille n’est pas trépassée !… Nous nous serions dérangées pour rien ?… Il ne manquerait plus que ça !…

— Il est étonnant, le monsieur !… Pour un médecin, il n’est pas fort, puisqu’il prend un cadavre pour une personne endormie…

Et elles prétendaient continuer leurs lamentations.

Jésus ne le permit pas.

— Que tout le monde sorte, commanda-t-il. Il ne doit rester avec moi, dans la chambre de la défunte, que le père, la mère, Pierre, Jacques et Jean.

On lui obéit.

Alors, il prit la main du cadavre et lui cria :

Talitha Koumi ! Jeune fille, lève-toi !

Retenez bien ces mots, pour en faire l’essai quand vous aurez envie de ressusciter un camarade. Talitha Koumi ! Avec ces cinq syllabes, Jésus redonna la vie à la fille de Jaïre ; c’est l’évangéliste Marc (qui n’assistait pas à l’opération, par parenthèse) qui nous les a rapportées. Quant à l’apôtre Jean, que les théologiens catholiques nous donnent comme ayant été témoin intime du miracle, il n’en souffle pas un mot dans son évangile.

En entendant Talitha Koumi, la jeune fille se leva, et, folle de joie de se sentir revivre, elle se mit à courir dans l’appartement.

Les parents étaient dans la jubilation jusqu’au cou.

Jésus dit encore, cette fois en s’adressant à eux :

— Je suis très charmé de vous avoir été agréable ; mais ce n’est pas tout, ça ! Il faut que vous pensiez un peu à cette pauvre enfant. Elle doit avoir faim, depuis le temps qu’elle n’a pris aucune nourriture. C’est pourquoi, donnez-lui à manger.

Sur ce, il s’en retourna à la maison des publicains boire le coup de l’étrier avec ses disciples, comme il l’avait promis aux amis et amies de Matthieu (Matthieu, chap. IX, versets 10-26 ; Marc, chap. II, versets 15-22 ; chap. V, versets 21-43 ; Luc, chap. VIII, versets 29-56).

Après ces faits mémorables, Jésus alla de plus belle à Nazareth ; mais il ne réussit encore qu’à faire rire de lui. Il était écrit que les Nazaréens demeureraient insensibles à la parole de leur concitoyen. Somme toute, on se demande, parfois, pourquoi le Verbe prenait cette peine inutile : en sa qualité de dieu, il connaissait très bien le passé, le présent et l’avenir, et il ne pouvait se faire aucune illusion.

L’évangéliste Marc rapporte (chap. VI, versets 1-6) que les gens de Nazareth accueillirent de nouveau Jésus par une incrédulité des plus complètes.

— D’où pourraient lui venir, disaient-ils, la sagesse et la