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UN DIVORCE

trouve que dans ce moment elle ressemble beaucoup à Claire.

— Oh ! pour cela, non, répondit Mathilde de son ton bref.

— J’aurais dû penser que tu ne pouvais pas être de mon avis, riposta aigrement la tante Charlet.

— C’est vrai que vous n’êtes jamais du même avis, s’écria M. Grandvaux, et du diable si je peux m’imaginer comment vous pouvez demeurer ensemble !

— Vous devez comprendre, mon beau-frère, que ce ne peut être qu’à force de dévouement, dit mademoiselle Charlet.

À quoi Mathilde répliqua aussitôt :

— Vous devez comprendre, mon oncle, que ce ne peut être qu’à force de patience.

— Allons ! allons ! ma nièce, un peu de respect. Tu ne peux pourtant pas demeurer toute seule, à ton âge, ni même avec ton frère, qui n’est pas, dans son genre, plus raisonnable que toi.

Étienne adresse à son oncle un salut moqueur.

— Est-ce que ton père, reprend M. Grandvaux, ne songe point à revenir ?

— Non, mon oncle, répond Mathilde.

— Et qu’est-ce qu’il disait donc dans sa dernière lettre ?

— Beaucoup de choses fort belles et fort sérieuses, mais qui ne sont nullement de nature à vous intéresser.

— Il y avait un volume, dit Étienne. Et dans tout cela, ma petite cousine, une seule ligne pour moi. Je suis non seulement un fils sans héritage, mais un fils déshérité.

— Je te plains, car c’est ta faute. Mathilde m’a dit que tu n’écrivais jamais à ton père.

— Mathilde fait toujours des reproches, c’est son état ;