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UN DIVORCE

vas rester, n’est-ce pas, maman ? Papa, puisque tu veux me garder, il faut que maman reste ici, toujours.

Elle resta, en effet, malgré la cruauté de sa situation, obligée de recevoir de la bouche de madame Fonjallaz les instructions relatives à la maladie de son enfant, et d’implorer à chaque instant des services dans cette maison ennemie. Camille venu, le soir, pour chercher sa femme, dit à M. Desfayes :

— Notre situation à tous est odieuse, intolérable. Je vous en supplie, monsieur, consentez à ce que l’enfant soit transporté chez sa mère.

— Mon fils, répondit M. Desfayes, est mieux à sa place chez moi que chez vous, monsieur. Et, pour couper court à toute discussion sur ce point, le médecin a déclaré qu’il ne pourrait supporter le voyage dans cette saison.

Claire ayant refusé de quitter son fils, Camille dut s’en aller, plein d’irritation et de douleur.

Cela dura huit jours. Comme l’avait dit Camille, la situation était impossible, inacceptable. Claire persista cependant, sourde et aveugle, excepté le soin de son fils, à tout ce qui se passait autour d’elle, à la peine de son mari aussi bien qu’aux susceptibilités et à la gêne qu’elle causait chez M. Desfayes. On lui avait abandonné la salle à manger, où couchait l’enfant. Le médecin venait d’abord deux fois par jour ; mais bientôt il abandonna tous remèdes énergiques et ne prescrivit plus que des calmants. On attribuait la cause de la maladie à une impression de froid reçue à l’école, et c’étaient les symptômes en effet d’une affection pulmonaire, mais datant de plus loin, et se compliquant d’une irritation des nerfs, de l’estomac et du cerveau. Tout ce petit corps n’était plus qu’épuisement et souffrance.

Dans les bras l’un de l’autre, l’enfant et la mère gou-