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UN DIVORCE

être agréable et de vous rendre heureuse !… Il y a bien longtemps que je ne me suis senti le cœur aussi joyeux que depuis que vous avez consenti… Non, sur ma parole ! vous n’avez pas eu tort de vous fier à moi, mademoiselle Claire. Vous verrez.

Elle se taisait, le front baissé, émue par la sincérité de sa parole.

— Mais peut-être est-ce la volonté de votre père seulement qui vous a décidée ? reprit-il avec un peu d’inquiétude.

— Oh ! naturellement… balbutia-t-elle.

— C’est vrai ; vous ne me connaissez pas beaucoup. Cependant, ce n’est pas une raison… Moi, au premier moment que je vous ai vue, je vous ai aimée tout de suite. Au moins vous n’avez pas de peine, j’espère, à devenir ma femme ?

— Oh !… non, répondit-elle lentement ; je vous suis très-reconnaissante, monsieur, de m’aimer et d’avoir confiance en moi, et j’ai la volonté de remplir mes devoirs envers vous du mieux qu’il me sera possible.

— Eh bien ! c’est cela ; vous êtes bonne, charmante tout à fait, s’écria-t-il attendri. Je vois bien que vous n’avez pas beaucoup d’amour pour moi, mais cela même m’assure de votre sagesse et de votre raison. Je suis bien aise de ne pas vous voir facile à captiver, comme tant d’autres. Oh ! non ; vous êtes si douce, si franche, si réservée ! ajouta-t-il en la contemplant avec admiration. Vrai ! je ne puis pas vous dire combien je suis heureux !

— Vous me croyez meilleure que je ne suis, reprit-elle, les yeux toujours baissés ; aussi je crains… cela m’effraye…

— Cela vous effraye ! reprit-il en imitant un peu le doux son de voix de la jeune fille ; mais moi, je ne veux