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UN DIVORCE

ma faute. J’ai fait tout ce que j’ai pu… le petit aussi ; mais ils ont voulu le garder.

Toutes les craintes de Claire étaient confirmées. La commotion qu’elle éprouva fut terrible. Elle voulut courir, mais ses jambes fléchirent, et, sa raison semblant égarée, elle se mit à marcher du côté de la grille, en se traînant sur les mains et sur les genoux.

— Qu’est-il arrivé ? au nom de Dieu ! demandait Camille en secouant Louise.

— Ils nous l’ont pris, monsieur ! M. Desfayes et madame Fonjallaz ont gardé le petit et ne veulent pas nous le rendre. Ah ! madame avait bien raison de pleurer ce matin quand nous sommes partis !

— Claire ! s’écria Camille en s’élançant vers elle, ne désespère pas. Si cela est possible, je te le rendrai.

Il la saisit en même temps dans ses bras pour l’emmener à Beausite ; mais elle se débattit, et comme ils étaient auprès de la grille, sa tête alla heurter contre les barreaux de fer. Alors elle demeura privée de sentiment, et Camille, aidé de Louise, l’emporta à la maison.

Après qu’on lui eut prodigué les premiers soins, madame Grandvaux et Louise complétèrent pour Camille tous les détails relatifs à l’événement :

On avait coutume d’envoyer tous les mois les enfants chez leur père ; mais, cette fois, à cause de l’odieux mariage qu’il venait de faire, Claire n’avait pu s’y résoudre que sur l’injonction de M. Desfayes, qui les avait attendus en vain le dimanche précédent. Les enfants d’ailleurs n’y tenaient guère, et il n’y avait que la petite qui parlât souvent de son papa, à cause des bonbons et des joujoux qu’il lui donnait. Mais Fernand s’ennuyait de ces visites, et il avait bien compris la situation de sa mère, puis-