Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/465

Cette page a été validée par deux contributeurs.
453
UN DIVORCE

— Camille ! dit la jeune femme, Camille ! ah ! si ce n’était l’enfant !…

Il fit quelques pas dans le bosquet, et revenant près de Claire :

— Eh bien ! que décidons-nous ?

— Je ne sais, répondit-elle, désolée de ne pouvoir lui donner d’autre réponse. Je connais bien M. Desfayes. Si je reste seule, il me laissera Fernand, peut-être ; mais s’il me voit donner à un autre, sur ses enfants, le pouvoir d’un père…

— Après tout, dit Camille pensif, c’est logique, et peut-être en ferais-je autant ? Eh bien ! moi je propose ceci : marions-nous et partons dès le lendemain, avec vos enfants, pour le nouveau monde, qui, soit dans ses déserts, soit dans ses foules, nous cachera bien. — Oui, dit-il en s’arrêtant tout à coup avec une sorte de stupeur, mais ai-je bien le droit d’enlever à cet homme ses enfants ?

Ils se regardaient en silence, quand ils entendirent un bruit de sanglots, et au travers des branches des sapins ils aperçurent Louise qui entrait dans l’avenue, tenant la petite Clara dans ses bras.

— Fernand ! où est Fernand ? s’écria Claire.

Et elle voulut s’élancer, mais devint toute pâle et chancela.

— Ne vous effrayez pas ainsi, je vous en supplie, lui dit Camille, la forçant à se rasseoir, il sera resté en arrière. Il ne peut lui être arrivé malheur.

Mais, sur un nouveau gémissement de Louise, Claire se releva et courut vers la jeune bonne. D’une voix que la terreur étranglait et dilatait par éclats :

— Fernand ! Fernand ! disait-elle.

— Madame ! s’écria Louise, qui tomba sur ses genoux en joignant les mains, ah ! madame, ce n’est pas