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CHAPITRE XX


Trois semaines après, un dimanche, dans la soirée, Claire, vêtue de noir, se tenait à la grille de Beausite, et de temps en temps, faisant quelques pas sur la route, elle regardait du côté de Lausanne, puis revenait. Elle paraissait impatiente, même un peu inquiète.

Ce costume noir rendait plus éclatante la blancheur de son cou, de ses mains et de son visage. Elle avait maigri ; sa beauté était devenue plus fine et plus idéale ; mais les couleurs roses de la jeunesse et de la santé n’avaient point déserté ses joues. Son regard seul était chargé de mélancolie ; et ce n’était qu’à une certaine langueur dans les attitudes, à je ne sais quoi de doux et de pénétrant dans tout son être, qu’on retrouvait la trace de ses fatigues et de ses douleurs.

Comme elle était pensive, appuyée contre la grille, le bruit d’un pas lointain la tira de sa rêverie, et de nouveau elle s’avança et regarda sur la route ; mais ce qu’elle vit n’était point probablement ce qu’elle attendait, car