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UN DIVORCE

plus agréables et les plus doux sentiments qui puissent animer le cœur d’un homme.

Mathilde répondit froidement au salut de M. Desfayes, et, se levant aussitôt, elle tira un livre de sa poche et s’éloigna en lisant.

Alors une scène muette eut lieu entre les deux sœurs. D’un regard suppliant, Claire essayait de retenir Anna, qui, souriante et en rougissant un peu, témoignait, par sa contenance, le désir de s’en aller. Ferdinand partageait cet avis sans doute, car il lui dit :

— Votre cousin Étienne vous demandait tout à l’heure, mademoiselle.

— Ah ! vraiment, répondit la fillette avec un petit ton d’insouciance.

Et comme décidée à rester alors, elle marcha près d’eux jusqu’au bout de l’allée, mais sans rien dire, tandis que Ferdinand et Claire causaient, je crois, de la poussière et du soleil.

— Ah ! mes pigeons ? s’écria tout à coup Anna, je n’y pensais plus.

— Il n’est pas tard, dit Claire, tu as le temps…

Mais la jeune fille bondissait déjà dans l’allée d’une course si rapide qu’elle eut bientôt disparu.

— J’espère que vous n’allez pas vous enfuir aussi, dit Ferdinand en prenant la main de sa fiancée, qu’il fit asseoir sur un banc, auprès de lui.

— Oh !… non, dit-elle en rougissant.

— On dirait que ces demoiselles ont peur de moi, reprit-il ; mais vous, j’espère que vous n’en avez pas peur ?

Ce fut en tremblant un peu qu’elle répondit :

— Non certainement, monsieur.

— Vous auriez bien tort, s’écria-t-il avec rondeur et franchise, car si vous saviez comme j’ai le désir de vous