Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/454

Cette page a été validée par deux contributeurs.
442
UN DIVORCE

Maëdeli ne remercia que du regard ; puis ses yeux, se reportant sur son enfant et autour d’elle, prirent une expression de trouble et d’égarement. Le soleil s’abaissait à l’horizon.

— Fritz, dit-elle d’une voix rauque, tu vas rester ; sois sage.

Elle le serra dans ses bras avec passion, et, bien que sa douleur fût muette, elle n’en pénétra pas moins le cœur de la jeune fille. Prompte comme une flèche, celle-ci entra dans la maison, fit un gros paquet de vêtements et revint les offrir à Maëdeli. Le petit Fritz, inquiet, s’attachant à sa mère, pleurait.

— Vous reviendrez le voir, Maëdeli, dit Anna en sanglotant, et je lui parlerai de vous.

La pauvre femme répondit par un nouveau regard de reconnaissance, puis, prenant son parti tout à coup, elle serra Fritz sur son cœur dans une dernière étreinte, et, le jetant aux bras d’Anna, partit à grands pas avec son plus jeune enfant.

Tout ce que le génie du sentiment peut employer de persuasion pour captiver une créature sauvage, Anna le mit en œuvre auprès de Fritz. Elle parvint à le débarbouiller et à le vêtir autant bien que mal des habits de Fernand, bien qu’ils lui fussent trop étroits et trop courts. Ainsi transformé, c’était un bel enfant, d’une figure heureuse, qu’Anna, vivement émue, conduisit à son grand-père. Déjà il se cachait dans les bras de sa nouvelle maman, ne voulant voir qu’elle.

— C’est à Mathilde et à moi de nous charger de lui, dit M. Sargeaz.

— Mon oncle, dit Anna vivement, c’est à moi que Maëdeli l’a confié.