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UN DIVORCE

pas même parlé le lendemain. Il releva froidement toutes ces incohérences, que la passion dédaigne ou ne voit pas, et borna tout à ce fait que, après avoir rencontré Camille, Claire était revenue sur ses pas avec lui.

Vint ensuite Georges Giromey.

Il commença par dire ce qu’il avait répété déjà dix fois à M. Grandvaux, c’est qu’il ne savait guère pourquoi on le citait ; qu’il connaissait trop bien mademoiselle Claire (puisqu’elle n’avait qu’un an de plus que lui et qu’ils étaient depuis huit ans dans le domaine), pour croire qu’elle fût capable du moindre mal. Il avait entendu quelques petites paroles, voilà tout. Il n’était pas là d’ailleurs pour entendre, mais bien pour raccommoder sa bêche, qu’il avait cassée en nivelant des taupinières. Puis il s’était amusé à causer avec le petit Fernand, un enfant si drôle qu’il lui fallait toujours quelqu’un occupé de lui.

— Sa mère, à ce moment-là, ne s’en occupait donc pas ? demanda d’une voix très-douce l’avocat de M. Desfayes.

— Il faut croire ; car le petit est resté joliment de temps avec moi ; et il me parlait de son papa, le pauvre innocent !

— Enfin, que savez-vous ? qu’avez-vous entendu ? demanda le magistrat.

— Pas grand’chose, je vous dis. Il y avait même des moments où ils soupiraient et ne disaient rien.

— De qui parlez-vous ?

— De M. Camille et de madame Claire. Je connais assez leurs voix. D’ailleurs, je les ai vus tous les deux ensuite par les fentes de la cloison.

— Encore une fois, que disaient-ils ?

— Pas grand’chose, je vous répète, si ce n’est qu’ils parlaient d’amour, et que M. Camille disait que puis-