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CHAPITRE XVII


Le lendemain, ainsi que l’avait décidé M. Grandvaux, il emmena sa fille à Lausanne, pour déposer sa demande en divorce au tribunal. Il avait peine à modérer vis-à-vis de Claire sa joie et son alacrité. Le père Grandvaux était content de lui ; il avait fait un bon tour, il tenait sa proie ; c’est en de telles occasions qu’il était, selon sa prétention, le meilleur homme du monde ; car il trouvait la vie bonne, la nature charmante et la société parfaite. Il distribuait alors volontiers de bonnes paroles et de cordiales poignées de mains, et donnait en passant de petites tapes amicales aux enfants qu’il rencontrait.

Il avait en outre, ce jour-là, une autre affaire, un jugement à obtenir contre son fermier Giromey, dont il voulait faire annuler le bail, faute de payement.

À mi-chemin, M. Grandvaux et sa fille rencontrèrent la Vionaz, toujours chargée de sa hotte, et qui, tenant à la main un mouchoir de coton bleu, en essuyait son visage, plus rouge et plus bourgeonné qu’à l’ordinaire.