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UN DIVORCE

par amour à aucune autre femme : vous êtes jeune, belle, adorable, malheureuse, et nous sommes là tous deux, tournés l’un vers l’autre et pleins de trouble, d’enthousiasme, d’enivrement. Oh ! certes, ma Claire, c’est bien de l’amour. Mais je ne vous demande qu’une promesse. Je vous demande seulement cette promesse ; mais il me la faut, pour mon honneur et pour ma sécurité. C’est parce que je ne suis pas votre ami, c’est parce que je suis bien votre amant que je la veux ; je consens à ne vous adorer que de loin, mais à la condition que mes pensées n’iront pas vous trouver dans les bras d’un autre. Faites-moi donc ce serment, Claire, je vous en prie.

Elle se taisait, le front rouge et baissé, pleine de souffrance et d’anxiété.

— Vous me refuseriez cela, Claire ? quand je vous donne en échange tout mon amour, tout mon dévouement, et moi aussi, madame, toute ma fidélité ?

Tremblante, elle mit la main dans celle du jeune homme.

— Est-ce votre promesse, Claire ?

— Oui, dit-elle d’une voix altérée.

Ils confondirent leurs regards ; mais les yeux seuls de Camille brillaient de triomphe et de joie. Dans ceux de la jeune femme, le trouble et l’inquiétude se mêlaient à la tendresse. Ils s’abaissèrent avec plus de trouble encore sur son enfant, qui vint se jeter contre ses genoux.

— D’où viens-tu ? lui demanda-t-elle ; car pour la première fois elle l’avait oublié.

Puis elle le prit dans ses bras et alla s’asseoir, à quelque distance de là, sous un platane, que traversaient les rayons du soleil couchant. Là, tout agitée encore et confuse, elle cacha son visage derrière la blonde petite tête et couvrit de baisers le cou de son enfant. Debout,