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UN DIVORCE

sir John Schirling pour un échange de gravures ; après s’être entretenu un quart d’heure avec l’Anglais, il descendit, et, rencontrant le petit Fernand, passa près de deux heures à jouer avec lui, tout en causant avec sa mère et avec Anna.

Peu de jours après, Camille revint pour acheter de l’eau de cerises chez Giromey, et, se trouvant si près de la maison Grandvaux, il entra. Son emplette cependant surprit beaucoup madame Grandvaux, car elle avait remarqué à table que Camille refusait toujours de cette liqueur. Mais il n’y eut pas d’autre observation, le père Grandvaux n’étant presque jamais là dans la journée.

Les paroles de sympathie que le jeune peintre disait à Claire dans ces entrevues étaient si vives et si vraies qu’elle les conservait dans son cœur et se les répétait à elle-même souvent, pour se consoler un peu.

Aucune de ses amies n’était venue la voir, et on n’avait reçu de visite que de la part de quelques matrones, amies de madame Grandvaux, lesquelles, d’un air plein de réticences, avaient allégué, en manière de consolations, qu’il y avait certainement des positions bien pénibles, où la patience pouvait manquer, et que le monde était souvent beaucoup trop sévère.

Un jour que madame Desfayes se promenait sur la route, avec Anna et le petit Fernand, elles rencontrèrent M. et madame Renaud, qui les saluèrent d’un air très-embarrassé. Cependant on s’accosta, et Fanny et Claire, se prenant le bras, marchèrent en avant.

— Tu as dû trouver bien extraordinaire que je ne sois pas venue te voir, dit Fanny ; mais il ne faut pas que tu m’en veuilles ; moi, je le désirais, ta situation me faisait peine, et je ne calculais pas ; mais Adolphe s’y est absolument opposé. Ce n’est pas qu’il te blâme précisément ;