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UN DIVORCE

deux le besoin de me salir afin de paraître moins ignobles…

— Claire, je vous ordonne de respecter cette femme !

Elle poussa un éclat de rire.

— Maman ! maman ! dit l’enfant d’un ton plaintif.

— La respecter ! la respecter, elle ! Mais tout le monde rirait de vous entendre ! La respecter ! mais vraiment il faut que vous soyez fou !

— C’est vous qui êtes folle d’oser me braver ainsi ! Mais vous avez tort ! mais prenez donc garde !

Et, tout écumant, il se leva, faillit renverser la table, brisa une chaise qui se trouvait sur son passage, et s’avança vers Claire les poings crispés.

Elle était épouvantée ; mais sa haine était encore plus forte que sa terreur, et ils se lançaient d’affreux regards, quand subitement leurs visages changèrent d’expression, et d’un même mouvement ils se précipitèrent vers l’enfant, qui venait de tomber en proie à des convulsions.

Jamais elles n’avaient été si violentes : la face était livide, la bouche tordue, les yeux blancs, le corps roide.

— Mon enfant ! mon enfant ! s’écriaient-ils ensemble.

— Ah ! c’est affreux ! Claire, si je courais chercher le médecin ?

— Il va mourir ! ne me laisse pas ! L’éther ! bien ! Frotte-lui tout le corps. Fernand ! mon Fernand ! Donne-moi de l’eau !

Prosternés par terre, ils réunissaient leurs bras autour de l’enfant ; penchés sur lui, leurs têtes se touchaient, leurs souffles se confondaient, et leurs regards se cherchaient, pour se communiquer tantôt leurs angoisses et tantôt leur espérance.