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UN DIVORCE

sieur, répliqua Mathilde, et votre femme n’a fait que constater…

— Taisez-vous, s’écria-t-il avec violence. Je ne vous parle pas, à vous ! Qu’êtes-vous venue faire ici avec elle ? Vous êtes un démon domestique ; c’est vous qui conseillez votre cousine et la poussez à de pareilles fureurs. Je ne veux plus qu’elle vous voie ! Je vous défends de remettre les pieds chez moi !

— Je ne sais si ma cousine continuera d’habiter avec vous, monsieur ; mais je puis vous assurer que j’irai chez elle tant qu’elle désirera m’y recevoir.

— Et si je vous jetais par la fenêtre ? vociféra-t-il en tendant vers elle ses mains crispées, comme s’il voulait à l’instant même exécuter cette menace.

— Ce serait d’un homme fort ! répondit la petite personne, en le regardant en face et lui jetant au nez un ricanement.

Il recula, et, foudroyé par le choc de sa propre colère, il alla tomber sur une chaise, de l’autre côté de la chambre.

Ce fut dans cet état que les trouva tous les trois M. Dubreuil. À peu près instruit par les commis de ce qui s’était passé, et fort affligé de voir un pareil éclat dans sa maison, il venait, armé de palliatifs, adoucir, excuser et replâtrer les choses du mieux possible. En entrant, tout d’abord, avec l’ascendant que lui donnaient son âge, son expérience, sa position plus importante dans la maison, et surtout les fautes de son jeune associé, il regarda Ferdinand d’un air sévère ; puis, s’approchant de Claire, il lui prit les mains, et, l’appelant « Ma belle petite dame, » il entreprit de lui prouver que toute cette fâcheuse affaire n’avait été qu’un malentendu des plus déplorables.