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UN DIVORCE

fronça les sourcils et prit son ton le plus impérieux pour demander à voir M. Desfayes.

— Mademoiselle, répondit en hésitant le premier commis, pour le moment M. Desfayes est en affaires.

À ce mot, un éclat de rire partit d’un coin de la salle, et l’on vit la figure du petit commis, voilée de ses deux mains, s’abattre sur le pupitre, à la surface duquel son dos continua de s’agiter, sous l’impulsion de ces ondes du rire, si tempétueuses parfois.

— Pourrait-on savoir, monsieur, ce qu’il y a de ridicule dans notre présence ici ? demanda fièrement Mathilde.

— Rien certainement, mademoiselle. Monsieur Balançon, vous êtes fort inconvenant ; faites-moi le plaisir de vous en aller.

— Mais enfin, monsieur, dit Claire, l’affaire pour laquelle nous venons est fort pressée ; nous n’avons qu’un mot à dire, et la personne qui se trouve en ce moment avec M. Desfayes voudra bien, je pense, attendre un instant.

Le premier commis échangea avec ses confrères un regard désespéré, accompagné d’un geste qui signifiait : Ma foi ! je n’y puis rien ! Les deux autres scribes avaient l’air le plus compassé qu’on pût voir, et recouvraient d’un masque transparent de gravité piteuse une énorme envie de rire.

— Mesdames, reprit le premier commis de l’air le plus persuasif et le plus conciliant, si vous vous adressiez à M. Dubreuil ?

Et il montrait de la main une porte à droite, tandis que celle du bureau de M. Desfayes, suffisamment indiquée déjà par les gestes et les regards qui s’étaient dirigés sur elle, se trouvait en face d’eux. Claire avait remar-