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UN DIVORCE

dans ses bras. Mais aussitôt une pensée lui vint, et répondant par un regard d’intelligence au regard effrayé de Claire, elle essuya ses larmes et se mit à sourire : — Tu le vois, mon pauvre ange, les tantes pleurent, elles aussi, comme si elles étaient de petits enfants. Mon Fernand a le droit de me gronder à son tour. Mets ton doigt sur ta bouche, là, et dis : Tante Anna, ce n’est pas sage !

Le petit Fernand, remuant doucement la tête, suivait tous les gestes et toutes les paroles de sa tante, et, s’imprégnant de leur expression, la reproduisait sur ses traits mobiles. Il mit son doigt sur sa bouche.

— Tante Anna, pas sage ! dit-il d’un petit air magistral, qui le fit rire lui-même.

Sa tante alors l’emporta à la fenêtre, où elle acheva de le distraire par le spectacle du dehors, et Claire, qui les suivait du regard avec inquiétude, fut bientôt rassurée.

— C’est qu’il aurait pu avoir une crise, dit-elle à Mathilde ; sa sensibilité est si vive, à ce pauvre enfant ! Oh ! qu’il sera difficile à rendre heureux ! Il commence pourtant à être moins jaloux de sa petite sœur.

— Il y a chez lui faiblesse et irritation du système nerveux, dit Mathilde d’un air docte. Cela s’atténuera à mesure qu’il prendra de la force.

Et tournant sur ses talons, car elle ne s’était pas assise :

— Eh bien ! il faut que j’aille tout de suite aux bureaux de ton mari. J’avais heureusement de l’argent en réserve. À quelle heure part le courrier d’Italie ?

— Dans une heure, je crois, dit Claire.

— Je cours alors…

— Si tu portais ces lettres, demanda la jeune femme