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UN DIVORCE

— Pauvre Claire ! dit Fanny. Savez-vous que je l’attends précisément aujourd’hui ? Elle m’a fait dire qu’elle viendrait. Comme elle va être étonnée de revoir M. Camille !

— Quoi ! il est de retour ? s’écria madame Boquillon.

— Depuis deux jours. Il est revenu tout d’un coup, de la même manière qu’il était parti. Moi, je le croyais mort ; pourtant j’avais aussi l’idée qu’il reviendrait, et je ne me suis jamais souciée de louer sa chambre. Mais songez donc : partir en disant qu’il allait dans l’Oberland, et rester plus de huit mois sans donner de ses nouvelles ! Je crois qu’il est allé en Italie. Il avait laissé tous ses effets. Toujours est-il qu’il est revenu aussi gentil que jamais et plus gai ; car il était d’une humeur avant son départ ! d’une tristesse !… J’aimerais bien le garder pour locataire ; mais il va retourner en France.

La sonnette ayant retenti, Fanny fit trêve à son babillage pour courir à la porte. C’était Claire. Elle était seule ; elle s’était échappée pendant le sommeil de ses enfants, qu’on lui apporterait à leur réveil. Souriante et douce, elle s’assit et causa. Sa respiration était haletante.

— Vous êtes fatiguée ? lui dit Louise.

— Un peu. J’ai marché très-vite, et puis j’ai fait un détour, parce que là-bas, sur les Terreaux, je me trouvais au milieu de voitures de deuil. Je n’aime pas cela.

— Quoi ! vous êtes superstitieuse, Claire ?

— Non, mais cela me fait mal ; je ne sais… autrefois, je n’y faisais pas attention.

— Tu sais quel est ce convoi ? dit Fanny d’un air mystérieux.

— Non.