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UN DIVORCE

— Vous ne vous attendiez pas à ma visite ? lui dit madame Fonjallaz de son ton impertinent.

— Ma foi ! non, dit Étienne, qui, se levant en sursaut, ferma son livre. Vous m’apportez votre pratique ? On ne détaille pas ; mais pour vous…

— Oh ! vous avez assez de raisons de faire quelque chose pour moi ; mais je parie que vous n’y songez pas.

— Comme ça ne servirait de rien…

— C’est comme ça que vous le prenez ? Et si je faisais saisir tout ce qu’il y a dans cette bicoque !

— Tout cela appartient à Monadier. Puis, vous n’êtes pas si méchante. Quoi ! vous voyez que je me mets au travail courageusement et de bon cœur, et vous venez me chercher querelle avant que j’aie eu le temps de gagner un batz !

— Est-ce de la chimie que vous étudiez comme ça ? dit-elle en saisissant le livre qu’un instant auparavant Étienne lisait. En l’ouvrant, elle vit à la première page : Scènes de la vie parisienne, et le rejeta sur le bureau, si brusquement que tous les papiers s’éparpillèrent. Vous êtes bien toujours le même, allez, et vous mourrez dans la peau d’un propre à rien.

— Ah çà ! s’écria le jeune homme impatienté, est-ce en votre qualité de femme charmante que vous venez ici me chanter de pareilles douceurs ? Envoyez-moi le procureur tout de suite, ça me sera plus agréable.

— Je vais tout simplement obtenir un jugement contre vous, à moins que vous ne me fournissiez un billet avec caution.

— Et où voulez-vous que je prenne une caution ? Personne ne m’en fournira, sinon Monadier, peut-être.

— Oh ! pour celle de Monadier, je n’y tiens pas ; mais vous pourriez avoir celle de votre cousin Desfayes.