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CHAPITRE X


Un des derniers jours du mois d’avril, le matin, par un de ces soleils de printemps sous lesquels resplendissent et étincellent les neiges alpestres, et qui dans la plaine surexcitent le peuple confus des plantes et des bourgeons, le char de M. Grandvaux roulait sur la route de Lausanne à Cully, magistralement conduit par son propriétaire, et portant en outre M.  et madame Desfayes, Anna, M.  et madame Renaud. C’était un de ces légers chars de campagne, à quatre roues, qui, en guise de calèche, était luxueusement garni de drap gris à l’intérieur, mais qui avait à l’arrière ce compartiment de forme carrée, où les paysans suisses entassent leurs légumes les jours de marché ; car, grâce à l’ingénieuse économie du père Grandvaux, ce véhicule servait à deux fins, et, la calèche enlevée, transportait au marché de Lausanne, tous les samedis, blé, pommes de terre, carottes ou choux.

Le père Grandvaux avait un chapeau de feutre noir et une houppelande grise. Madame Renaud, mise au der-