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UN DIVORCE

Certes, la conversation de Fanny ne l’avait point intéressée, mais l’avait arrachée pourtant aux longueurs de l’attente en l’occupant forcément ailleurs.

— Après tout, se dit-elle, je ferais peut-être bien de sortir un peu. Cela ne m’amusera guère, mais le temps passera plus vite.

Elle sortit en effet le lendemain, et reçut de ses amies un accueil empressé. Une nouvelle venue est toujours bien accueillie, puisqu’elle apporte avec elle un peu de cet élément, le nouveau, que la gent humaine cherche de toutes les manières et par toutes les voies. Elle reçut des invitations à passer la soirée, et l’on insista au point qu’elle ne put refuser. Le soir, au souper, elle en parla à Ferdinand, en regrettant de s’être engagée ; mais il dit :

— Et pourquoi n’irais-tu pas ? On est toujours à répéter que tu ferais bien de te distraire ; je ne t’en empêche pas, moi.

— Oh ! je n’y tiens pas.

— Tu as tort. Je ne voudrais pas que tu fusses toujours dehors ; mais il ne faut pas non plus aimer avec excès la solitude.

— Et qui t’a dit que j’aimasse la solitude ? répondit-elle douloureusement.

Claire se laissa donc aller peu à peu à des relations assez fréquentes avec cinq ou six familles, qui se réunissaient le soir, tantôt dans une maison, tantôt dans l’autre. Les hommes passant au café toutes leurs soirées, ces réunions n’étaient composées que de femmes, et il s’y faisait à la fois beaucoup de commérages et des tricots de toutes couleurs.

Vers dix heures, quelque frère ou quelque mari venait chercher l’une ou l’autre de ces dames, et s’asseyait au