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UN DIVORCE

aussi un blanc ; c’est joli. Du reste, j’ai assez de broderies.

— Moi, je me brode en ce moment un bonnet pour le matin ; j’en aurai besoin.

— Moi, je me fais des manches.

— Oh ! pas moi, j’ai assez de manches ; un plein tiroir.

— Moi aussi ; seulement celles-là sont jolies ; puis il faut bien s’occuper, il y a si peu d’occupations dans un jeune ménage ! À propos, ma chère, ma belle-mère et mon mari m’ont chargée de te demander des renseignements sur ce jeune Français que vous connaissez, M. Camille. Adolphe ne le voit guère ; on ne le rencontre presque jamais au café. Est-ce drôle ! Nous avons une chambre à louer, tu sais, une jolie chambre où nous désirons un locataire convenable et sérieux, à la place de ce Monadier, que nous renvoyons décidément.

— Ah ! pourquoi donc ?

— Oh ! il se bat avec ses créanciers jusque dans notre escalier.

M. Camille est un homme très comme il faut, répondit Claire.

M. Camille ! ce n’est pas un nom, cela ?

— Non, c’est son prénom ; mais il préfère le porter. Quant au nom de famille, il ne le cache pas absolument ; il me l’a dit, mais je ne me le rappelle plus.

— Tu étais très-bien avec lui, je crois ?

Cette question, rappelant d’anciens souvenirs, fit monter une rougeur au visage de Claire.

— Eh bien ! reprit Fanny, ce M. Camille sera, je le vois, tout ce qu’il nous faut. La maison est petite ; on se rencontre sans cesse ; et puis, l’été, dans notre petit jardin, ce serait si ennuyeux d’avoir quelqu’un de désagréa-