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UN DIVORCE

les unes après les autres, croyant entendre parfois sur l’escalier le pas de Ferdinand.

« Toutes les fois que brille la clarté de la face du Seigneur, elle console, réchauffe, colore et embellit la destinée la plus humble et la plus modeste. L’homme a des maux en grand nombre ; mais l’Éternel le délivre de tous ; sa face est un rassasiement de joie, et il y a des plaisirs à sa droite pour jamais. »

— Il ne peut plus être à ses bureaux. Où est-il ?

La pensée de Claire alors, tout en lisant, suivait son mari, tantôt dans la rue, tantôt au café ; elle le voyait causer avec des indifférents d’un air alangui, et rester là seulement parce qu’il y était, comme s’il n’avait que faire de ses heures.

« Le Christ seul peut vous sauver. Il a vraiment fait sa demeure chez vous, et il ne doit plus y avoir de place pour le monde. Gardez-vous d’être du monde ; et si quelqu’un, lors même qu’il serait votre père, votre mère, votre fils ou votre époux, fait obstacle à votre salut, fuyez-le ; car vous n’avez de véritable père et de véritable époux que le Christ. »

Le bruit de la sonnette, agitée par madame Renaud, fit tressaillir Claire. Mais elle se dit aussitôt :

— Ce n’est pas lui !

— C’est moi, ma chère, s’écria Fanny en entrant avec ce frou-frou, cet étalage et ce cliquetement de robe et de paroles qu’elle créait autour d’elle pour s’élargir un peu ; c’est encore moi qui viens te voir, quoique je sois horriblement mécontente de toi ; car enfin c’est affreux une conduite pareille ; abandonner ses amies ! est-ce que c’est permis ? Qu’est-ce que tu fais comme cela toute seule ! N’est-ce pas à en mourir ! Est-ce avec ton chat que tu causes, voyons ?