Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
UN DIVORCE

deux jours et deux nuits il veilla près de sa femme, attentif, inquiet.

En voyant Claire malade, il avait senti l’amour dominer en lui tout mauvais instinct, et, sans qu’un mot d’explication eût été échangé entre eux, ils s’étaient entendus et rapprochés. Et bientôt la confiance était revenue au cœur de la jeune femme, comme le flot d’une source pure, un instant détourné. La couleur rose de même revint à ses joues pâlies ; elle se leva au bout de trois jours, et, tendrement appuyée au bras de son mari, portant sur son visage alangui un charmant sourire, elle promena sa faiblesse de convalescente sous les beaux ombrages voisins de Montbenon.

Ferdinand avait laissé ses affaires pour s’occuper d’elle ; de temps en temps, à la promenade, il la faisait asseoir sur un banc, arrangeait son châle sur ses épaules, l’entourait de sollicitude et la caressait du regard. Il ne sortait et ne rentrait plus sans l’embrasser, en la regardant attentivement pour voir sur son visage si elle était bien.

Claire se reprit à croire au bonheur avec autant d’entraînement qu’elle en avait mis à s’estimer la plus malheureuse des femmes. En se rappelant la nuit terrible qu’elle avait passée, elle ne se comprenait plus et s’accusait. Oh ! oui, elle avait été bien coupable envers son Ferdinand, bien injuste ; il l’aimait, et, elle, elle avait méconnu son cœur. Elle avait des élans de remords où elle se confiait à lui, les yeux fermés, pour toujours.

Quand elle fut tout à fait guérie, un soir, après le souper, M. Desfayes annonça qu’il allait sortir. Claire ne répondit pas, mais ses traits s’altérèrent.

— Je reviendrai de bonne heure, dit-il.