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détachant immobiles sur le ciel, les hauteurs d’Arcueil et leurs ormeaux qui dentelaient l’horizon ; Gentilly, aux maisons encadrées de feuillages ; Bicêtre, puis, de l’autre côté, le grand Paris, avec ses monuments, ses milliers de toits et ses fumées ; mais ce qu’elle voyait le mieux, c’était là presque à ses pieds, Joseph, le jeune ouvrier dont les yeux, en ce moment lui disait des choses plus belles, plus ardentes et plus sincères que tout ce que depuis… Hélas, ou va-t-elle ? Non, elle veut rester là sur ce tapis de verdure, semé de fleurs, avec Joseph, qui l’aime et le lui dit timidement et de si grand cœur.

Tout est promesse, espoir et bonheur autour d’eux : tout chante, les oiseaux, les cloches, les insectes ; les fleurs sourient. Quelque chose de grand qui est en elle et partout, lui dit : aime ! et elle presse la main de son fiancé, dont le front rayonne. Oh ! comme elle est heureuse : et se sent aimée en le voyant si heureux ! Elle a le cœur plein de choses divines ; elle croit en l’amour, en Joseph, en elle même…

Elle s’arrêta, fit un grand soupir, et sa main, se posant sur la table à côté d’elle, saisit machinalement un petit calendrier, qu’elle serra fortement, comme pour résister mieux à la souffrance qui à cet instant, lui mordait le cœur. Puis, elle lâcha cet objet et, s’accoudant sur la table, appuya sa tête sur sa main. Ses yeux alors, tombant sur le calendrier, un chiffre, un seul, comme si les caractères de de ce chiffre eussent été plus gros que les au-