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plusieurs fleurons, appelées coucous ; elle y porta la main pour la cueillir, puis la retira comme si elle n’osait, et se mit à fondre en larmes. C’était de ces coucous, chaque printemps, que se couvrait le gazon autour de la cabane, et souvent, les mettant à cheval sur un fil, elle en avait fait des pelotes que les enfants, avec des cris de joie, jetaient en l’air.

Cette cabane, le creux planté de grands arbres qui est derrière et qu’ils appelaient le vallon, le champ qui l’entourait, tout ce tableau de son heureuse misère se présentait à elle souvent, et c’était le seul coin de fraicheur qu’elle eût dans l’âme. Bientôt un autre souvenir vint s’y joindre, celui de la promenade sur les fortifications, le jour où elle et Joseph se fiancèrent. Tous les détails de cette journée s’imprimaient en elle de plus en plus, et souvent, quand affaissée dans son fauteuil, la tête penchée sur sa poitrine, elle semblait sommeiller, elle était seulement occupée à revoir ces doux tableaux, dans lesquels elle se voyait telle qu’autrefois, avec ce Joseph si bon, si courageux, si franc, si digne d’être aimé !

André LÉO

(La suite à demain.)