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M. de Villegard, où il disait qu’après de sérieuses réflexions, se voyant un obstacle à la destinée d’une femme qui lui était et lui serait toujours chère, il avait trouvé la force d’accomplir un sacrifice douloureux, mais nécessaire ; il quittait la France pour quelque temps.

Le reste de la lettre était plein de conseils qui tenaient beaucoup plus du mélomane que de l’amant. Il espérait que Marie allait se consoler par le travail et lui prédisait comme récompense de ses efforts un succès magnifique.

C’était un abandon. Marie le comprit. Ce qu’elle avait refusé de voir jusque-là lui apparut : elle n’avait aimé qu’une âme vulgaire ; cet amour, auquel elle avait sacrifié toutes ses autres affections, ses plus chers devoirs, n’avait été pour Charles qu’un de ces enthousiasmes qu’enflamme le succès, que l’insuccès abat. Il allait chercher maintenant autre chose ailleurs. Mais elle, ayant donné pour lui tout ce qu’elle avait de précieux au monde, lui parti, elle n’avait plus rien. Elle ferma les yeux, joignit les mains, et du fond de son âme, ardemment, désira la mort.

Dès le soir même, elle fut prise d’une fièvre ardente, et pendant plusieurs semaines sa vie fut en danger. Entrée en convalescence, quand elle put regarder autour d’elle, cherchant à se reconnaître, elle ne trouva de toutes parts que le vide mortel dont la première impression avait failli la tuer. Elle n’a-