Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de pareils cadeaux ; mais ils portaient toujours la signature de l’intéressé donateur, et avaient toujours été renvoyés sur l’heure. Cette fois, ne sachant pas à qui renvoyer cette parure, il fallait bien la garder.

Marie promit seulement à son mari de ne point la porter ; et, seulement le soir, dans sa chambre, seule, répétant ses rôles, elle se parait des diamants aux clartés de vingt bougies, et se plaisait à les voir étinceler à ses bras et sur son cou.

L’idée lui vint que l’auteur de ce cadeau devait être le vicomte. Elle en parla devant lui, mais ne put rien deviner de son attitude. Il n’avait guère besoin d’ailleurs de pareils moyens pour être aimable. C’est du cœur et de l’imagination qu’il s’emparait.

Les visites du vicomte devinrent presque journalières. Il venait toujours à l’heure où Joseph promenait les enfants aux Tuileries, et pendant laquelle Marie était censée étudier. Mais elle abandonnait l’étude pour se livrer au charme de sa présence et de sa conversation. Il apportait à cette jeune femme artiste passionnée, mais ignorante de tout, le monde de la pensée et celui de la poésie. Elle puisait dans ces inspirations de plus beaux accents, mais délaissait presque entièrement le travail, la méthode à peine effleurée.

De plus en plus, d’ailleurs, le goût des suffrages du public s’effaça en elle pour y laisser dominer ce rêve qui lui semblait céleste, l’amour de cet homme si distingué, si bon, si aimant, supérieur de si loin à tous les au-