Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en lui, à première vue, une nature choisie. Il n’était point audacieux et cavalier comme tant d’autres qui s’empressaient autour de Marie, mais courtois comme si elle eût été une grande dame et respectueux comme un mélomane fervent qui vient admirer dans un temple une divinité. Marie était toute fière de ce charmant visiteur. Il la mit bientôt à l’aise avec lui par une affectueuse simplicité, lui racontant ses souvenirs d’enfant, ses rêves d’adolescent et ses mélancolies présentes vagues ou secrètes. Avec lui, elle se sentait elle-même et causait naïvement, tandis que les autres l’intimidaient.

Ce beau mystérieux la préoccupa. Elle attendit ses visites, et, après, elle rêvait à ce qu’il avait dit, le ramenant près d’elle par la pensée. Bientôt, elle se demanda quel était le motif de la mélancolie qui perçait dans les paroles du vicomte, de la langueur qu’on lisait dans ses yeux. L’aimerait-il ? D’autres, effrontément, avaient dit à Marinette qu’ils l’adoraient : lui ne disait rien. C’est que probablement il n’avait pour elle que de la sympathie, de l’amitié. Elle eût bien voulu le savoir…

André LÉO

(La suite à demain.)